mardi 1 novembre 2011

Hospitaliers


Et voilà, c'est fait !!
Mon premier trail long est terminé.. Il finit cette première année (ou demi année) de trail en beauté !

Pour mon premier trail long, il me semblait parfait.
Une ambiance assez intimiste tout en ayant une réputation attrayante. Nous serons 500 coureurs maximum au départ, ce qui sur 75 kms permet d’espérer peu de bouchons... et les paysages traversés promettent d'être superbes.

Alors les Hospitaliers ce sont 75.5 kms et 3300m de D+ ( 4000m annoncés), il s'agit du tracé historique des Templiers avant sa délocalisation .




Le profil semblait bien me convenir avec un parcours assez varié, un départ roulant sans difficulté technique particulière et une longue montée jusqu'au saint Guiral. La course devenant technique surtout à partir de Trèves dans la 2nd partie avec enfin deux grosses bosses pour terminer..

Alors après une bonne nuit et un réveil à 3h45 (4h45 en fait grâce au changement d'heure)me voici en train de me préparer : petit dej du type gatosport, un coup d'oeil par la fenêtre qui me met d'excellente humeur : je vois des étoiles... Et je quitte mon hôtel en direction du centre ville de Nant. La, j'avoue que je suis un peu surpris, il est 4h30 et on doit être 40 au maximum à déambuler sur la place déserte. Le speaker est seul sous sa grande tente, il commence à parler un peu... L'ambiance sera à la convivialité.
Après tout c'est ce que je suis venu chercher... Et puis rapidement les gens arrivent, en 15mn la place est remplie, certains sont assis pour économiser la moindre parcelle d'énergie, d'autre s'échauffent comme pour un 10kms !! Moi ne sachant pas trop comment m'y prendre, je me contente de faire en sorte de me sentir bien, c'est à dire trottiner quelques dizaines de mètres, m'échauffer les épaules, le cou, le dos et tout ce qui fait qu'on est bien réveiller pour partir à l'assaut de 75kms en courant..
Et voilà, le speaker nous appelle dans le sas de départ, quelques enfants fans inconditionnels du papa ( ou de la maman) font les derniers bisous et c'est parti !

Dans le sas, beaucoup se prennent en photo, et moi mes pulsations cardiaques augmentent de 20.. du bon stress mais pas d'inquiétude, dans le pire des cas je m'arrête, je ne joue pas ma vie.

Et le coup de fusil libère quelques chevaux de course et pas mal de diesels.. en avançant on a la bonne surprise de voir qu'il y a pas mal de courageux qui sont venus nous voir, ils se sont postés un peu après le départ et nous applaudissent chaudement.. Même un petit papy dans une magnifique robe de chambre en velours nous encourage !!

Alors le départ est une route éclairée qui va monter peu à peu sur des singles pour 350m D+ en 10 ou 15kms donc du très roulant pour s'échauffer.. Mon unique objectif est d'arriver au ravitaillement de Sauclières bien chaud mais en ayant couru vraiment tranquillement.
Au départ je suis surpris les gens partent vite, je me fais doubler sur la route et regarde mon cardio pour ne pas m'enflammer.. Une fois arrivé dans les singles, un ou deux ralentissement me permettent d'observer les autres coureurs, beaucoup transpirent déjà, sont essoufflés ... après 30mn de course je me dis qu'ils ont confiance en eux.

Et on arrive sur le causse dans un brouillard à couper au couteau, nous sommes un petit groupe de trois et on s'aide pour ne pas perdre le balisage; J'accélère un peu dans la descente avant Sauclières et me retrouve seul jusqu'au ravito ou je ne m’arrête pas. J'ai de l'eau, de quoi manger je suis en pleine forme alors je continue pour profiter du lever du jour..







Je me suis fait un papier avec des temps de passages approximatifs pour 11h de course et je passe en retard de 15mn à Saint Jean de Bruel juste avant d'attaquer la montée du St Guiral. ça ne m'inquiète pas vu mon rythme très tranquille et le fait que je vive à la montagne doit quand même m'avantager dans les côtes. Le départ de l'ascension est un peu raide et je double beaucoup de monde sans trop forcer, je me sens bien alors je décide de faire un effort jusqu'au prochain ravito ou je m’octroierai 10mn de repos en marche active, j'en profiterai pour me ravitailler. De toute façon à ce rythme je vais à la même vitesse que les autres alors pas de souci.. Et ça fonctionne plutôt bien, je continue de doubler beaucoup de monde tout en profitant de paysage magnifique.. lever de soleil, douce chaleur, lumière d'automne, mer de nuage, en une heure tout y passe.. Avec les coureurs on papote, on se dit que la journée va être belle qu'on a vraiment beaucoup de chance.. Bref c'est un optimisme général qui règne, mis à part certains qui souffrent de la montée, pourtant roulante.






Une fois arrivé au saint Guiral je décide d'accélérer dans la descente jusqu'à Dourbies. La descente c'est mon truc alors je sais que je vais pouvoir gagner du temps sans me mettre en danger. Quelques passages un peu techniques avec rochers, racines le tout couvert part les feuilles me permettent de m'amuser un peu.. Une fois arrivé à Dourbies, je décide de faire un vrai ravitaillement.. d'une part parce que je ne me suis pas encore arrêté, et parce que je n'ai plus grand chose à manger ni à boire dans mon sac.. Alors je profite de la gentillesse des bénévoles et d'une bonne soupe chaude... en tout je m'arrête un peu moins de 10mn..
L'arrivée à Dourbies est top, du monde pour applaudir, encourager, tout le monde est souriant . Cela restera un très bon souvenir d'autant que je suis arrivé seul, avec tout le public rien que pour moi : ))
Pendant la montée du St Guiral j'ai gagné plus de 100 places, je suis désormais en avance de près de 30mn sur mon petit plan.. très bien pour le moral..

Et me voilà reparti, j'ai fait plus de la moitié de la course et je suis en forme.. une longue portion de route plate me permet d'admirer des maisons qui ont des vues absolument incroyables sur des vallées aux couleurs rougeoyantes, quelle chance de vivre là.. Mais une douleur commence à pointer peu à peu le bout de son nez au niveau de mon genou droit, je me dis qu'elle passera... grossière erreur. Mais je continue...


Et dans la descente vers Trêves la douleur s'amplifie jusqu'à devenir vraiment intense !! Plus moyen de courir sur le plat ni en descente, et il reste 30 kms... je peste parce que je me sens bien, capable de relancer mais mon genou me l'interdit, je trouve ça vraiment rageant mais bon je vais pas m’arrêter là alors je continue en alternant marche et course.. ça me permet de profiter des paysages : ))




A Trèves je suis un peu démoralisé par la situation mais je sais que maintenant il va y avoir une partie technique ou de toute façon personne ne courra, et enfin deux dernières ascension de plusieurs centaines de mètres qui me permettront de combler mon retard pris sur le plat puisque dans les côtes je ne ressent aucune douleur..
Il est bientôt midi et il commence à faire chaud, surtout dans les ascensions pour passer sur les causses.. Mais ces ascensions se passent bien, je croise plusieurs personnes assises sur des rochers complètement épuisées, je leur propose de l'eau ou une barre mais il me dise qu'ils ont tout et qu'ils veulent juste se reposer. Du coup je continue. Une fois arrivé sur le causse j'enrage à nouveau de ne pas pouvoir courir alors que je m'en sens capable. je prends un bâton et m'appuie dessus pour courir pendant quelques dizaines de mètres et puis je me dis que si j'ai mal c'est que mon corps me dis d’arrêter de courir alors j'adopte la marche rapide à défaut d'autre chose, de même dans les descentes... en plus je ne devais vraiment pas avoir l'air malin à forcer comme ça..





Et voilà Cantobre, une arrivée dans le village mémorable ou après avoir grimper sur quelques rochers on se retrouve nez à nez avec trente personnes qui vous applaudissent ... que ça fait plaisir !! Il ne reste que 8 kms mais je ne peux plus réellement courir alors le ravito se fait vite, je recharge en eau, 30mn que je n'en ai plus, un peu de fromage et go !!

Et là je sens que ma douleur diminue, je reprend confiance, je retrouverai dans la montée quelqu'un que j'ai croisé à plusieurs reprises et qui a un buff Breizh, très sympa on discute et je m'accroche à lui pour essayer de courir un peu sur le causse et je le suis en marchant vite dans la descente. Il me dit qu'il prépare la transmartinique, je l'envie un peu ; ) ... Ensemble on entend le speaker au loin, ça nous motive. Mais lui aussi a les genoux qui commencent à grincer et à un moment il me dit de partir, lui à besoin de s'arrêter un peu... c'est ce que je fais parce que je sais que si je m'arrête maintenant repartir va être très dur...

Pendant la descente je me fais doubler par ceux que j'ai doublé dans la montée (c'est devenu une habitude aujourd'hui) mais je vois le village de Nant au loin alors je commence à être satisfait et j'essaie de me remettre à courir histoire de faire une véritable arrivée quand même !! ça brûle dans tout le mollet maintenant alors je repousse le moment ou je me mettrai à courir, je croise plusieurs personnes qui m'encourage et à une distance respectable; soit environ 100m de l'arrivée, je relance la machine et me remets à courir histoire d'arriver sur la place frais comme un gardon, comme si je ne m'étais jamais arrêter : )) oh tout le monde fait ça c'est humain..

Un dernier concurrent me double à 30m de la ligne et je finis en tapant dans la main des enfants pour être 101ème... c'est con : )) le tout en 11h37

Et pour couronner le tout je me fait interroger au micro à l'arrivée, je crois que j'ai dit des choses vraiment bêtes, les gens ont dû se dire : "oh là il est fatigué lui..."

Au final je suis vraiment ravi de cette expérience, une chose est sûre, ce ne sera pas mon dernier trail long... Je pense que mon entrainement sérieux m'a permis de me sentir bien au niveau musculaire tout au long de la course mais je ne cours sérieusement que depuis 8 mois alors c'était certainement un peu tôt pour mes articulations... Je vais bien me reposer maintenant... Histoire d'attaquer l'année 202 en pleine forme..


Et pour terminer ce long billet un grand merci aux bénévoles très nombreux tout au long du parcours, à l'organisation humaine et parfaite et aux habitants de ces belles vallées qui nous ont accueillis par leurs applaudissements.;

Et enfin un grand merci à Pierre horeau , ultra trailer au long cours, qui m'a gentiment laissé utiliser les photos qu'il a prises pendant la course :http://piloumontagne.blog4ever.com/blog/index-132192.html

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